Micha Greschny. l'iconographie et l'image par rapport à la Bible.
22 Mai 2020
Je voulais appeler ces notes « carnet d’un iconographe ». Un écrit du moine Grégoire Krug porte déjà ce nom, je ne me permettrais pas d’usurper le nom d’un ouvrage de ce grand iconographe.
Pour moi, la pratique de ce travail a été et est encore une longue marche qui n’est autre chose qu’une longue marche avec notre Seigneur Jésus Christ. Marche pouvant emprunter des chemins parfois dégagés et agréables, parfois caillouteux ou encombrés de ronces, et parfois aussi, passant dans un couloir menacé d’un effondrement pour barrer la route.
Si les oppositions ont tenté bien des choses, le temps est aujourd’hui témoin d’une main secourable qui a veillé sur cette route, le Seigneur ne nous fait pas marcher en vain. C’est là un merveilleux voyage avec encore, je l’espère, une route de plus en plus utile pour Lui.
Issu d’une lignée d’iconographes de père en fils depuis le 16eme siècle, je suis tombé dans cette marmite étant tout petit. Ce qui était sûr dans mon esprit, quant au type de vie que je voulais, c’était de pratiquer un métier artistique.
Il aura fallu beaucoup d’années pour prendre conscience que la tradition héritée de mon père et de mes ancêtres était un extraordinaire outil pour annoncer la parole de Dieu. Le chemin parcouru, les épreuves traversées ont fait grandir ma foi, m’ont fait prendre conscience de l’absolue nécessité d’annoncer le salut et l’importance de s’attacher à la Parole de Dieu, parole de vie.
Les années écoulées m’ont aussi fait prendre conscience qu’à la mise à disposition de cet outil était jointe une notice et que, par là même, une responsabilité nous était donnée.
Excellent outil, certes, mais un outil qui a trop souvent été utilisé sans tenir compte de sa notice, notice qui est tout simplement la Bible. Faire une image en méconnaissant le contenu de ce livre peut engendrer une non conformité et un désaccord avec celui-ci, livre qui est tout simplement la Parole de Dieu.
Hélas, l’art chrétien, même s’il peut être beau, est infesté de sujets qui ne sont pas la vérité. Sujets issus de textes au sujet desquels les théologiens se sont accordés pour dire qu’ils n’étaient pas « inspirés » et n’étaient pas la vérité.
Cela serait d’une moindre importance si uniquement l’art était concerné, mais c’est hélas allé bien au delà.
Le retour aux vérités fondamentales est indispensable et la pratique d’un art qui doit annoncer uniquement ce qui est vrai ne peut absolument pas se permettre d’annoncer ce qui ne l’est pas.
Si les périodes iconoclastes sont désolantes, elles sont hélas compréhensibles.
J’allais dire justifiées. Je rejette ce terme de justifiées, et préfère dire compréhensibles. Compréhensibles et de ce fait parfois, hélas nécessaires.
Le problème majeur dans de telles prises de positions, est qu’un fondamentalisme aveuglé par la bêtise humaine qui sait se croire inspirée par l’Esprit saint a agi et agit comme l’a fait une religion que le politiquement correct ne permet pas de nommer.
Fondamentalisme animé d’un zèle qui en fait oublier de lire la totalité des instructions que nous donne la Bible, Parole de Dieu ne l’oublions pas.
Certes, il y a du ménage à faire. Même au sein de l’orthodoxie en Russie, il y a plus de deux siècles, dans une branche dite « vieux croyants » appelés aussi « schismatiques » (Chrétiens rejetés et persécutés par d’autres. Que le peuple de Dieu est souvent désolant, et Dieu patient), des chrétiens ont pris les positions nécessaire pour rester fidèles à la Parole de Dieu.
Positions qui ont engendré un véritable ménage dans l’iconographie et un ancrage dans une doctrine fidèle à ce que demande tout simplement notre Père céleste : la Bible et seulement la Bible.
C’est ce ménage qui me paraît être une nécessité urgente aujourd’hui. Mais s’il faut « jeter l’eau du bain », je ne jette pas le bébé avec. Comme ces vieux croyants « réformateurs », je suis de ce fait un iconographe…………… ……………….. iconoclaste aussi.
Que nous dit la Parole de Dieu ?
Les premières instructions à ce sujet se trouvent dans le Pentateuque dans le livre de l’Exode.
Exode chapitre 20 verset 4
Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
En lisant ce texte, à première vue, la représentation de tout être vivant est interdite par Dieu.
Mais lire un verset et l’isoler de son contexte est idéal pour faire dire à Dieu ce qu’Il n’a pas dit. Il est regrettable que beaucoup de chrétiens font une telle chose, cela engendre des doctrines dont l’ennemi de Dieu, c’est à dire tout simplement le diable, fait son régal en divisant le peuple de Dieu.
Quelle désolation de constater que cela conduit les enfants de Dieu à des points de vue qui vont jusqu’à s’envoyer en enfer les uns les autres.
Dans le monde, le nombre d’embûches qui risquent d’y conduire des hommes ne manque vraiment pas. N’est-il pas vraiment dommage et désastreux d’en ajouter de non fondées ?
Le verset qui suit apporte une réelle précision avec beaucoup de limpidité.
Exode 20.5
Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point………….
Voilà tout simplement ce que Dieu ne veut pas.
Il n’y a pas à disserter là dessus, ce dernier verset dit ce qu’il y a à dire.
Une simple observation et un constat humble et honnête de ce que l’on a vu dans les pratiques du peuple de Dieu, de ce que l’on voit, de ce que l’on a fait, de ce que l’on fait, devrait permettre de voir les déviances et prendre les bonnes décisions afin de marcher d’une manière qui honore notre Dieu, conforme à ce qu’il dit pour notre bien et qui le positionne toujours à la première place dans notre cœur et notre vie.
C’est Lui qui vit et qui agit, ce n’est pas une image sur un morceau de bois.
Le verset 4 du chapitre 20 de l’exode ne peut absolument pas être dissocié du verset 5.
Isolé de celui-ci, il mettrait en totale contradiction une autre prescription que Dieu demande à Moïse, toujours dans le livre de l’Exode au chapitre 25 verset 18 et au chapitre 26 verset 31.
Exode ch 25 v 18
Tu feras deux chérubins d'or, tu les feras d'or battu, aux deux extrémités du propitiatoire……………..
Exode 26.31
Tu feras un voile bleu, pourpre et cramoisi, et de fin lin retors; il sera artistement travaillé, et l'on y représentera des chérubins.
Dieu dit dans le livre de l’Exode au chapitre 20 au quatrième verset : « Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux… » . Quelle apparente contradiction avec les chapitres 25 et 26 : « Tu feras deux chérubins d'or… », « et l'on y représentera des chérubins »
Si les chérubins ne sont pas des créatures qui sont en haut dans les cieux, que sont-elles ?
Mais, Dieu ne se contredit pas. Le verset 5 du chapitre 20 de l’Exode, « Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point » donne avec clarté la position claire et précise demandée par Dieu.
La représentation d’un simple oiseau, d’une créature céleste, d’un animal ou autre créature sur terre (et l’homme en fait partie) quelle qu’elle soit n’est en aucun cas un problème, mais devient un interdit si on en fait une idole.
Voilà tout simplement et très clairement ce que dit la Parole de Dieu en ce qui concerne l’image.
Notre cerveau ici bas ne pourra jamais avoir une idée précise de ce que sont ces créatures célestes. Je pense que la représentation de ces chérubins que l’on pouvait voir dans la tente dans le désert ou dans le temple à Jérusalem en surprendrait voire en horrifierait beaucoup aujourd’hui. On devait être bien loin du petit angelot grassouillet bien gentil. Les créatures babyloniennes ou assyriennes qui nous sont parvenues doivent en être assez proches. Les artistes ont essayé d’en faire des représentations au cours des siècles, et la stylisation byzantine demeure un ecxellent langage en ne cherchant pas à faire une représentation plausible, mais en donnant un concept pour traduire ce que dit la Parole de Dieu.
Une juste mesure, le danger du fil d’un rasoir ne justifie pas de le jeter.
Au cours de l’histoire, les périodes iconoclastes ont été et sont encore des mouvements qui ont des actions désolantes. L’intégrisme fondamentaliste restera toujours une mouvance qui, d’une manière générale ne manque pas d’inculture pour ne pas dire totalement dépourvue de culture.
Les adeptes d’une doctrine intégriste ont peur d’être dans l’erreur et vont de ce fait bannir toute réflexion. Ils sont auteurs de mouvances qui vont alors agir sous l’emprise d’un esprit religieux même, si pour certains, ils s’en défendent.
Esprit religieux qui rappelle celui que combattait Jésus en qualifiant les scribes et pharisiens d’engeance de vipères.
Personnellement, je ne pourrais adhérer à une telle pensée, mais je reste conscient et convaincu que, comme pour beaucoup de choses en ce monde, nous sommes sur le fil d’un rasoir et il est indispensable de rester du bon côté et d’avancer sans compromis.
Se retrouver sur le mauvais côté du fil de la lame est si facile pour l’humanité !
Alors, lorsque nous, chrétiens désirant rester fidèles à la Parole donc au Seigneur, nous en faisons le constat, il est de notre responsabilité de prendre les mesures nécessaires pour dénoncer toute déviance et idolâtrie et agir.
Agir avec douceur afin d’annoncer que le voile du temple a été déchiré et que, si le Verbe s’est fait Chair, c’est parce que nous sommes invités à une relation directe et simple avec notre Créateur. Si Lui est patient et compatissant car il connaît et aime les cœurs sincères qui ont été mal enseignés, il nous demande d’apprendre à Lui ressembler. Mais, ne pas agir est tout simplement « non assistance à personne coupée de la Grâce voire en danger ». C’est la plénitude dans la marche vers l’éternité qui est en jeu !
La mesure à prendre peut être douloureuse, désolante, ……… mais à faire.
L’apôtre Paul dira dans sa première lettre aux Corinthiens :
10.23 Tout est permis, mais tout n'est pas utile; tout est permis, mais tout n'édifie pas.
10.24 Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d'autrui.
10.25 Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans vous enquérir de rien par motif de conscience;
10.26 car la terre est au Seigneur, et tout ce qu'elle renferme.
10.27 Si un non-croyant vous invite et que vous vouliez aller, mangez de tout ce qu'on vous présentera, sans vous enquérir de rien par motif de conscience.
10.28 Mais si quelqu'un vous dit: Ceci a été offert en sacrifice! n'en mangez pas, à cause de celui qui a donné l'avertissement, et à cause de la conscience.
10.29 Je parle ici, non de votre conscience, mais de celle de l'autre. Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère?
10.30 Si je mange avec actions de grâces, pourquoi serais-je blâmé au sujet d'une chose dont je rends grâces?
10.31 Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu.
10.32 Ne soyez en scandale ni aux Grecs, ni aux Juifs, ni à l'Église de Dieu,
10.33 de la même manière que moi aussi je m'efforce en toutes choses de complaire à tous, cherchant, non mon avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés.
L’apôtre Paul est bien clair. Ce qu’il dit est à méditer et à appliquer, afin d’apprendre à savoir ou nous mettons nos pieds pour de ne pas choquer, provoquer et scandaliser.
Apprenons à respecter l’autre et à avoir l’humilité de reconnaître que ce que nous pensons n’est pas forcément inspiration de l’Esprit Saint.
Dieu à préparé pour chacun de nous une trajectoire sur mesure et nous pouvons nous retrouver en face de quelqu’un qui œuvre pour la gloire de Dieu, pratiquant lui aussi ces « bonnes œuvres préparées à l’avance » et ….. que nous ne comprenons pas forcément.
Les condamner sont tout simplement un combat contre Dieu et notre bêtise humaine est si prompte à cela !
Mais Dieu nous aime, de ce fait nous éduque et parfois nous corrige pour nous apprendre à avancer en progressant. Si nous nous remémorons notre enfance, nous nous serions volontiers passés de fessées qui ont été hélas nécessaires. Personnellement je n’ai aucune envie de recommencer ! Alors, n’attristons pas Dieu qui nous demande par ce texte de ne pas avoir de travers intégristes et sectaires.
C’est ce qu’Il attend de nous, mais…….Il y a dans ces prescriptions un point pour lequel Il nous demande d’être intransigeants afin de ne pas tomber dans un compromis : Mais si quelqu'un vous dit: Ceci a été offert en sacrifice! n'en mangez pas, à cause de celui qui a donné l'avertissement, et à cause de la conscience.
Si Dieu est fidèle, son désir est que nous le soyons aussi. Les compromis ne sont pas autre chose qu’un manque de fidélité envers notre Seigneur et le compromis avec l’idolâtrie peut très rapidement venir avec l’image.
Un cas d’iconoclasme dans la Bible.
Si la confiance et la fidélité à Dieu sont un point crucial, c’est aussi un point duquel l’humanité est prompte à s’éloigner.
Et, pour en revenir à l’image, il faut reconnaître que l’être humain en fait rapidement un mauvais usage et a vite fait de tomber rapidement dans l’idolâtrie.
La Bible nous donne un exemple particulièrement intéressant et très concret, exemple qui est une aide utile pour nous positionner par rapport à l’image au travers d’une histoire qui résume particulièrement bien la position de Dieu par rapport à celle ci et le détournement que les hommes en on fait
Nombre 21 versets 6 à 9
6 ,Alors l'Éternel envoya contre le peuple des serpents brûlants; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël.
7 Le peuple vint à Moïse, et dit: Nous avons péché, car nous avons parlé contre l'Éternel et contre toi. Prie l'Éternel, afin qu'il éloigne de nous ces serpents. Moïse pria pour le peuple.
8 L'Éternel dit à Moïse: Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie.
9 Moïse fit un serpent d'airain, et le plaça sur une perche; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d'airain, conservait la vie.
En ce qui concerne une créature qui est sur la terre, le serpent est assez bien placé. Et pourtant, Dieu demande à Moïse d’en faire une représentation !
Jésus lui même ne va pas manifester une attitude d’allergie à l’image ; il montre même par cette image une préfiguration de ce qu’il va accomplir sur la croix pour notre salut et la guérison des conséquences de nos péchés.
14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé,
15 afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.
16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
Et pourtant, il a fallu détruire ce serpent et c’était une absolue nécessité.
1 La troisième année d'Osée, fils d'Éla, roi d'Israël, Ézéchias, fils d'Achaz, roi de Juda, régna.
2 Il avait vingt-cinq ans lorsqu'il devint roi, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Abi, fille de Zacharie.
3 Il fit ce qui est droit aux yeux de l'Éternel, entièrement comme avait fait David, son père.
4 Il fit disparaître les hauts lieux, brisa les statues, abattit les idoles, et mit en pièces le serpent d'airain que Moïse avait fait, car les enfants d'Israël avaient jusqu'alors brûlé des parfums devant lui: on l'appelait Nehuschtan.
Il fit ce qui est droit aux yeux de l’Eternel…
Mais il paraît important de garder à l’esprit que ce n’était pas parce que c‘était une image que la nécessité de mettre en pièces le serpent d’airain s’est imposée, c’est à cause de ce que les enfants d’Israël en avait fait.
C’est un passage qu’il est capital de réactualiser. Encore aujourd’hui il se passe devant des images que Dieu n’a pourtant pas interdites des choses qui Lui font horreur. Ce Dieu qui nous appelle à une relation d’amour face à face avec Lui, Lui, ce tendre Père, qui voit des enfants passer à côté de cette extraordinaire relation à laquelle ils sont appelés. Et que voit-Il ? Il voit des enfants qui pensent que c’est au moyen d’une image qu’une supplique ou un remerciement pourra s’effectuer, passant ainsi à côté de la tendresse de laquelle Il veut les envelopper.
S’il paraît indispensable aujourd’hui d’analyser les comportements religieux face aux images au regard de ce que dit la Parole de Dieu, je ne vais pas, pour ma part, condamner l’image que Dieu ne condamne pas.
L’exemple du serpent d’airain est une synthèse utile pour se positionner, mais il est aussi pour certains, un sujet d’effroi.
Je trouve dommage qu’une belle crosse épiscopale médiévale représentant un serpent doté de toute la fantaisie du bestiaire de l’art médiéval se retrouve taxée de représentation satanique !
Ce serpent ne fait qu’annoncer que, comme le serpent d’airain à été élevé sur une perche dans le désert, le Sauveur a été accroché Lui aussi au bois afin que celui qui croit en lui (C’est à dire se repent et Lui confie sa vie) ait la vie éternelle.
Mais, nous devons être artisans de paix et éviter tout remous inutile, de ce fait la mise en pratique du contenu du passage cité plus haut que l’Apôtre Paul a écrit aux Corinthiens est absolument nécessaire. Ainsi, en tant qu’orfèvre, j’éviterai de choquer quelqu’un en proposant un serpent pour une crosse épiscopale.
En revanche, personne ne m’empêchera de me réjouir de cette bannière pour Christ symbolisée par ces chefs d’œuvre de l’orfèvrerie médiévale.
Le serpent d’airain. Enluminure sur parchemin .Octateuque de Vatopédi XIII ème siècle. Crosse de Jean de Chanlay. Email champlevé. Limoges XIII ème siècle.
Le visage.
La représentation.
Christ est l’image du Dieu invisible.
Il a été vu. Nous n’étions pas à l’heure de la photographie il y a deux mille ans, mais si c’eût été le cas, les documents seraient nombreux. Il n’en demeure pas moins qu’il a été visible et vu sous forme humaine.
Il y a cependant des chrétiens qui diabolisent une représentation du Christ. Elle va tout de suite être étiquetée « objet d’idolâtrie » , et ces chrétiens vont un peu vite en besogne pour en faire de même au sujet d’une icône qui représente un passage de l’évangile parce que c’est « une icône ».
Je constate cependant que ces chrétiens acceptent des illustrations que personnellement, je trouve mièvres et inconsistantes pour beaucoup, question de goût je l’accorde.
Il s’agit là d’illustrations et elles sont de ce fait bien sûr acceptées. Je rappelle au passage que bien des icônes ou autres images qui occasionnent ce type d’allergies à la représentation sont tout simplement des illustrations de la Vérité.
Si, parmi les thèmes majeurs, les scènes de l’évangile ou toutes autre scènes de la Bible ne sont pas, ou ne devraient pas être répréhensibles, elles demeurent des sujets d’une grande richesse. Elles apportent une multitude de détails qui, à condition d’être expliqués, certes, sont une invitation à méditer beaucoup de points essentiels et enrichissants de la Parole de Dieu.
Ce n’est, bien-sûr, pas une nécessité pour la vie spirituelle et on peut évidemment s’en passer. Mais décréter que c’est à écarter me semble d’une profonde bêtise, voire une opposition à un moyen que Dieu veut utiliser pour annoncer sa Parole et tout simplement pour nous réjouir de sa présence dans nos vies comme on se réjouit d’une photo de bien-aimés ou d’un moment important de la vie fixé sur un bout de papier.
J’ai aussi entendu des théories telles que : Dieu ayant créé l’homme à son image et la Bible demandant de ne pas faire une représentation de Dieu, la représentation du Christ n’est, de ce fait, pas possible. Nous voilà encore une fois confrontés à une lecture des prescriptions données à Moïse, incomplète et primaire, comme je l’ai abordé plus haut.
Je me souviens d’un ouvrier musulman qui travaillait avec moi sur l’échafaudage alors que j’esquissais, dans une coupole, un grand buste de Christ pantocrator. Nous travaillions dans une atmosphère très respectueuse de l’autre et très amicale.
Il me disait en toute simplicité « chez nous pas de photos », la représentation d’un être vivant devant être totalement exclue.
Une doctrine due à cette lecture qui s’arrête trop tôt est aussi présente dans le monde chrétien.
Pourquoi pas, mais je demanderai aux adeptes de cette théorie de ne surtout pas avoir des photos de familles ou des portraits d’êtres chers sur un meuble ou sur un mur, et même pas dans un album.
C’est à une telle déviance que l’on doit ces portraits, somme toute charmants, de silhouettes de profil en noir sur fond blanc, seule représentation tolérée dans les milieux puritains anglais et américains et qui demeurent tout de même une belle hypocrisie.
En revanche, je comprends que quand les icônes sont utilisées comme a été utilisé le serpent d’airain, cela pose un problème, un réel problème.
Et là encore, je pense qu’il faut être clair et je voudrais parler du visage.
Je vais continuer par la comparaison avec la photo, photo qui est un portrait.
Le visage d’une personne qui n’est plus et que l’on a aimée. Regarder ce visage évoquera des souvenirs que personne ne peut nous ravir. Cela devrait nous conduire à l’action de grâce pour tout ce qui nous a été donné au travers d’elle.
En revanche, si on cherche à établir un contact avec elle, ce n’est pas autre chose que de l’idolâtrie, du fétichisme, un culte des morts ou autre.
On peut désirer avoir de telles pratiques, mais pour un chrétien qui s’appuie sur la Parole de Dieu, …………c’est tout simplement exclu, c’est une abomination aux yeux de Dieu.
Quant au visage d’une personne que l’on aime et qui est géographiquement éloignée, contempler son visage peut être une joie, mais si le besoin d’un échange se fait sentir, ce n’est à priori pas par l’image que le contact se fera. Il y a aujourd’hui suffisamment de moyens de communiquer.
Le visage du Sauveur peut être une joie à contempler, mais la prière restera le seul vrai moyen de communiquer. Et si je prends le téléphone pour être en relation avec un être cher, ce n’est pas à la photo que je peux avoir sous les yeux que je parle mais à la personne vivante qui est sur cette photo et au téléphone à l’autre bout du fil.
Le thème majeur restera le visage du Christ. Et si certains disent que le représenter n’est surtout pas à faire, je leur dirai de s’imaginer à Jérusalem, mais …. au temps de Jésus, avec quelque chose que l’on avait pas en ce temps , quelque chose dont on ne peut pas se passer aujourd’hui : un téléphone portable, qui fait des photos et des vidéos. Et bien, tous les téléphones, tablettes, et ordinateurs seraient remplis de ces d’images que les iconoclastes chrétiens d'aujourd'hui interdisent. Ne passeraient-ils pas beaucoup de temps à les regarder et à les montrer ? Non ?
Mais objectivement, le visage du Christ est dans l’inconscient collectif, et si Dieu s’est fait chair c’est pour que je le voie.
Des peintres ont représenté le Père, les iconographes ont représenté « l’ancien des jours » vu par le prophète Daniel dans une vision :
Je regardai, pendant que l'on plaçait des trônes. Et l'ancien des jours s'assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure; son trône était comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent.
Mais en 1551 le concile de Moscou, dit des cent chapitres, interdit la représentation de Dieu le Père, ce qui est parfaitement compréhensible au regard de la Bible. En revanche, s’étant fait Chair en Jésus Christ, représenter la vision d’Ezéchiel avec Dieu sous les traits de Christ image visible du Dieu invisible est source de réflexion d’une grande richesse quant à la fusion de personnes entre le Père et le Fils.
Je reviendrai plus tard sur différentes représentations de Christ car il y a au travers de celles-ci beaucoup de richesses.
Maintenant, la question de la représentation de saints pose problème et je le comprends parfaitement.
Dans la diversité des vieux croyants en Russie, une branche réformatrice interdisait dans sa doctrine toute prière adressée à quelqu’un d’autre qu’au Christ, Christ Père Fils et Saint Esprit.
Je voudrais regarder cette prise de position tout simplement au regard de la Parole de Dieu.
Ce qui fédère ou devrait fédérer les chrétiens est la Bible, qui n’est autre que la Parole de Dieu. Livres inspirés de la Genèse à l’Apocalypse et rapport véritable de la vie du Christ et de ses paroles prononcées dans les Evangiles.
Accepter ce livre comme la Vérité est donc indispensable pour avoir l’étiquette « chrétien », et je ne pense pas que l’on puisse apporter une contradiction à cela.
Alors, si j’ai fait ce choix (je n’y suis, bien sûr, pas obligé), ce que dit l’apôtre Paul est donc indiscutable puisque c’est la vérité inspirée par l’Esprit Saint.
Il y a deux passages que l’on a tendance à mettre de côté, parce que peut être ils bouleversent notre analyse et les traditions que nous avons peur de modifier même si elles nous retiennent dans une certaine obscurité.
Abordons ces deux passages.
23 Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu;
24 et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en
Jésus Christ.
1 Timothée 2. 5 Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus Christ homme, 6 qui s'est donné lui-même en rançon pour tous.
Premièrement, dans Romains 2 – 23 et 24, l’apôtre Paul nous dit que tous ont péché, tous. Sauf Christ.
Je ne veux pas lancer de polémique, mais juste préciser que la Parole, qui est la Vérité, dit : tous.
Deuxièmement, l’apôtre Paul dira à Timothée qu’il n’y a pas d’autre médiateur que Christ.
Cela veut tout simplement dire que je ne peux être en relation avec Dieu que par Christ.
Ces deux passages sont suffisamment clairs et précis pour nous dispenser de toutes explications de texte et interprétations.
En revanche, ils sont un éclairage, pour moi indispensable, pour pratiquer le métier d’iconographe sans déviance ni compromis.
Cet éclairage va forcément nous amener à nous poser des questions
Qui représenter, qui ne pas représenter ?
Quoi représenter, quoi ne pas représenter ?
Si Jésus dit de sa bouche qu’Il est la Vérité et c’est là le premier point à examiner : l’image qui va être peinte est elle la vérité ?
J’ai précédemment évoqué ces textes qui ont inspiré des sujets artistiques mais ont aussi engendré des doctrines et qui ne sont pas la vérité. Un de ces livres a eu un rôle important, tant par l’influence qu’il a eu sur l’art mais aussi par l’égarement spirituel qui en découle, c’est le protévangile de Jacques.
J’ai du mal à comprendre que ce livre qui a été exclu par l’Eglise des livres canoniques, qui présente très clairement des récits en contradiction avec la Bible, puisse avoir une telle influence.
Comme je l’ai dit plus haut, que l’art se soit égaré, c’est une chose tant qu’il reste uniquement art. L’art a droit à l’imaginaire. Mais quand l’art devient porteur d’un message, il se doit d’être honnête et vrai.
Le problème ne s’est hélas pas arrêté à l’art. Il s’agit en fait d’un écrit qui sème trouble et égarement parce qu’il n’est tout simplement pas la vérité.
Comme exemple, Dieu dit à Moïse que chaque mâle premier né, homme ou mâle issu d’un troupeau doit être donné au Seigneur. D’où, pour les hommes la nécessité de racheter le fils aîné, ou le Lui offrir comme l'a été le Prophète Samuel par exemple. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Dieu. Et heureusement, car je n’ai de ce fait ni à discuter ni à justifier quoi que ce soit..
Alors, la conséquence est la suivante : en contemplant une belle icône ancienne représentant la présentation de Marie au temple, j’en apprécie la valeur artistique et historique au sein de l’histoire de l’art, mais, si c’est un sujet que l’on me commande, ce sera un non catégorique. Ce n’est pas la vérité, et ce dont je suis sûr, c’est qu’Anne et Joachim, parents de Marie, obéissaient à la loi de Moïse.
En ayant parcouru un bout de chemin et en ayant progressé dans la connaissance de la Parole de Dieu, je ne peux absolument pas me permettre d’écrire un message qui n’est pas la vérité.
Et effectivement, le thème marial pose un réel problème. La représentation de Marie tenant l’Enfant ne peut que me rappeler que cette femme a été choisie par Dieu pour porter en son sein le Verbe fait chair, celui qui m’a sauvé, et que son obéissance ne peut qu'être un exemple.
Oui, je dois me réjouir de cette vérité et de cette réalité. Alors, au nom de cette vérité, je dois avoir une acceptation de la Parole de Dieu et une obéissance à celle-ci. En tenir compte est capital.
Et que me dit celle-ci : ……………………. « Car tous ont péché », et « Il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus Christ homme ».
La Parole de Dieu est suffisamment claire pour avoir tous les éléments de réflexion au sujet de ce thème de la Vierge avec l’enfant qui est un des plus répandus, si ce n’est pas le plus répandu. A cause de ce que me dit la Parole, c’est un thème que je ne traite pas car je ne peux pas prendre le risque de cautionner un mauvais usage d’une image contraire à ce que dit Dieu.
Il y a en revanche un thème qu’il m’arrive de traiter après discussion et accord : la Vierge du Signe. Magnifique illustration des chapitres sept et neuf du livre d’Esaïe qui nous invite à entrer dans cette mystérieuse fusion entre le Père et le Fils, mais j’aborderai ce thème ultérieurement avec des thèmes porteurs de messages fondamentaux et constructifs.
Mais pour en revenir à la question : qui représenter et qui ne pas représenter ? Les icônes de Saints, comme je l’ai dit, posent problème, et voilà un sujet qui peut être très épineux et provoque des divisions. Mais, là encore, ce n’est que la Parole de Dieu qui peut trancher.
Cet art au service de Dieu se doit d’être la vérité et en appliquant une simple logique, il parait indispensable de ne rien représenter qui ne soit vrai. Une recherche historique pour rester fidèle à la vérité s’impose. Nous savons que, dans l’histoire des saints, les fables ne manquent pas mais les éléments historiques fiables non plus. A chacun de faire le tri, il y a parmi ces hommes et femmes qui font partie de l’Eglise des exemples de foi, de courage, d’obéissance et de détermination pour notre Seigneur qui sont des modèles et encouragements pour nous. Ils font partie du peuple de Dieu, et le peuple de Dieu aujourd’hui n’est pas une génération spontanée même si certains donnent cette impression en cassant ce qui l’a construit. Voir les erreurs et reformer ce qui est à réformer ne doit pas forcément tout casser.
Le point le plus sensible est ce que nous dit la Parole de Dieu par l’apôtre Paul : « un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus Christ homme ». Ce point ne facilite pas les choses dans mon travail d’iconographe, tant au sujet du thème marial que de celui de la représentation d’un saint, il me conduit à refuser du travail. Le rideau du temple à été déchiré quand le Sauveur a payé pour moi, j’ai depuis ce jour un accès direct au Père par Christ., Je ne vais pas recoudre le rideau ni pour moi ni pour les autres. Je suis peut être considéré comme un réformateur sectaire, mais n’oublions pas qu’un tel mouvement a eu lieu en Russie dans les milieux orthodoxes.
Au regard de la Parole que j’ai choisie comme étant La Vérité, demander l’intercession de quiconque d’autre que Christ est tout simplement impossible. Sauf, bien sûr, un frère ou une sœur bien vivant en ce monde qui pourra se joindre à mes prières. Et encore une fois, ce n’est pas moi qui le dis, c’est la Parole de Dieu.
Ce n’est pas pour autant qu’il m’est interdit de peindre un saint, qui a existé et dont la vie est un réel exemple. Il n’est pas interdit de nous réjouir qu’un jour nous serons réunis dans le Royaume. Et c’est là aussi une belle illustration de la communion des saints : ceux qui nous ont précédés et qui ont participé à la construction de l’Eglise et ceux vivants qui la font vivre aujourd’hui. Une telle représentation n’est pas interdite au même titre qu’une photo d’un être cher qui n’est plus là.
Le contact avec ceux qui nous ont précédés n’est pas encore établi tant que nous sommes ici bas et un passage de l’Apocalypse nous le montre.
Apocalypse 6
9 Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu.
10 Ils crièrent d'une voix forte, en disant: Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarde-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre?
11 Une robe blanche fut donnée à chacun d'eux; et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux.
S’il est demandé a tous ceux qui ont subi le martyre pour Christ d’attendre et de rester en repos, c’est parce qu’ils attendent aussi la fin du temps. Si le temps s’arrêtera quand nous serons rappelés, pour nous qui sommes ici bas, il n’est pas encore arrêté, donc, de toute évidence, le contact n’est pas encore possible.
Voilà ce que j’ai à dire sur la manière de pratiquer mon métier en espérant ne heurter ou blesser personne. Je voudrais parler par la suite de thèmes fondamentaux, encourageants et fortifiants, et l’iconographie n’en manque pas.
A suivre...